Voici, en résumé, les dernières données que j'ai pu rassembler sur le sujet jusqu'à présent. Je les ai classé en fonction des chapitres de l'indiculus.
Sources : (1) «
Essai historique sur les usages, les croyances, les traditions, les cérémonies et pratiques religieuses et civiles des Belges anciens et modernes » A. G. B. Schayes – Louvain 1834.
(2) «
De la religion du Nord de la France avant le christianisme (Extraits du serment de Saint Eloi – 6°s )» Louis De Backer. Lille 1854.
(3) «
La Belgique et les Pays-Bas avant et durant la domination romaine » Tome 2 - A. G. B. Schayes – Bruxelles 1840.
(4) «
Wormociensis Ecclesise Decretorum » Pénitentiel de Burchard de Worms. (10° – 11° s)
(5) «
De Synodalibus Causis » Questionnaire synodal de Réginon de Prüm. (10° s)
Chapitre 1. «
de sacrilegio ad sepulcra mortuorum » Du sacrilège qui se commet auprès des sépultures.
(1) Les peuples du Nord avaient pour coutume de placer des aliments près des sépultures et d’y célébrer des fêtes.
(2) « Qu’on ne tienne point de table pendant la nuit, et qu’on ne boive pas outre mesure. »
(3) Les fêtes commémoratives sont célébrées le 22 février.
Chapitre 2. «
de sacrilegio super defunctus, id est dadistas » Du sacrilège qui se commet à l’occasion des morts, c’est-à-dire des complaintes funèbres appelées « Dadsisas ».
(3) Meinders fait dériver « dadsidas » de « dad » mort et « desida » tribut.
(5) « Il faut demander si quelqu'un, pendant la veille nocturne d'un défunt, chante des chants diaboliques, boit, mange, et se réjouit en quelque sorte de sa mort ; et si à l'occasion de leur veille nocturne les morts sont conservés ailleurs que dans l'église. » (art 55)
Chapitre 3. «
de spurcalibus in februario. » Des pratiques honteuses du mois de février, « Spurcalibus ».
(2) « Que personne aux calendes de Janvier, ne se livre à des divertissements infâmes et ridicules, tels que ceux des génisses, des jeunes cerfs ou autres jeux. »
(3) Selon Des Roches, ces célébrations du mois de février tireraient leur nom de « sprok » signifiant sec, aride. Cela impliquerait des fêtes liées à la fertilité et au retour de l’astre solaire.
Chapitre 4. «
de casulis id est fanis » Des chapelles ou des oratoires des païens.
(3) Destruction des oratoires païens au toit de chaume. (voir article : Lieux de cultes païens en Belgique :
https://sylva-arduinna.forumactif.org/belgique-paienne-f6/lieux-de-cultes-paiens-de-belgique-t61.htm)
Chapitre 5. «
de sacrilegis per ecclesias » Des sacrilèges qui se commettent dans les églises.
(2) « Que nul, à la fête de Saint jean ou à toute autre solennité des saints, ne s’exerce à observer les solstices ; ne se livrent aux danses, aux caroles et aux chants diaboliques. »
(3) « Les païens idolâtres avaient coutume de célébrer leurs fêtes religieuses par des sacrifices accompagnés de danses et de festins. Les nouveaux convertis au christianisme continuèrent de célébrer de la même manière les fêtes des saints dans les églises. »
Chapitre 6. «
de sacris sylvarum quoe nimidas vocant » Des sacrifices que l’on fait dans les forêts et que l’on appelle « Nimidas ».
Chapitre 7. «
de his quoe faciunt super petra » Des oblations que l’on fait sur les pierres.
(2) « Que nul chrétien ne prétende faire des vœux dans les temples, ou bien auprès des pierres, des fontaines, des arbres et dans les bois sacrés ; qu’il n’allume point de feu dans les carrefours. »
Chapitre 8. «
de sacris mercurii et jovis » Du culte rendu à Mercure (Woden) ou à Jupiter (Doner).
(2) « Qu’aucun ne songe à invoquer les noms des démons, tels que Neptune, Pluton, Minerve, Diane, le Génie, ou à croire à d’autres inepties de ce genre. Qu’on ne s’abstienne point de travailler le jeudi ou jour de Jupiter, à moins que ce ne soit une fête de quelque saint ; ni pendant le mois de Mai, ni en aucun autre temps, ni aux jours des chenilles ou des rats, ou tout autre jour que ce puisse être, si ce n’est le dimanche. »
(3) « Au 7° et 8° s, on trouve le culte d’Odin encore en vigueur en Belgique et en Zélande. Saint-Amand détruisit un sanctuaire de cette idole à gand. »
Chapitre 9. «
de sacrificio quod fit alicui sanctorum » Du sacrifice adressé à quelqu’un des saints.
(3) « Les Belges nouvellement convertis confondaient les saints avec les habitants du Valhalla .»
Chapitre 10. «
de philacteriis et ligaturis » Des phylactères et ligatures.
(2) « Qu’on se garde bien d’attacher des billets au cou d’un homme ou d’un animal quelconque, quand bien même les clercs y prêteraient leur ministère, quoiqu’on prétende que c’est une chose sainte et que l’on y insère des leçons divines, … »
« N’attachez aucune croyances aux phylactères inventés par le démon. »
(3) « Les talismans consistaient en général à quelques caractères runiques gravés sur un morceau de bois. »
« C »est une défense de se servir de ligatures de certaines herbes aux vertus préservantes. »
(4) « As-tu lié les aiguillettes ? As-tu fait des envoûtements et des charmes comme le font les impies, tels que les porchers, les vachers et parfois les chasseurs, quand il récitent des incantations diaboliques sur du pain ou des herbes et sur des bandelettes nouées qu'ils cachent dans les arbres ou qu'ils jettent aux bifurcations ou aux croisées des chemins, afin de guérir leurs bêtes ou leurs chiens de la peste et des maladies ou, au contraire, pour ruiner le cheptel du voisin ? Si oui: 2 ans de jeûne. » (art 63)
(5) « Il faut demander si quelqu'un boit, mange, ou porte sur lui quelque chose qu'il croit
pouvoir fausser le jugement de Dieu. » (art 50)
Chapitre 11. « de fontibus sacrificiorum » Des fontaines où l’on sacrifie.
(2) « N’attachez aucune croyances aux fontaines, aux arbres, aux bifurcations des chemins…s»
(5) « Il faut demander si quelqu'un ferait des voeux devant des arbres, des sources, ou certaines pierres comme devant des autels, ou y déposerait un cierge ou quelque offrande, comme si quelque puissance surnaturelle s'y trouvait, qui puisse apporter le bien ou le mal. » (art 43)
Chapitre 12. «
de incantationibus » Des chants incantatoires.
(2) « Qu’aucun chrétien n’ajoute foi aux femmes qui exercent la magie par le moyen du chant, qu’il ne siège point au milieu d’elles car elles sont l’œuvre du démon. »
(3) Le concile les appelle incantationes, parce qu’ils se faisaient par des chants composés de vers magiques. »
(5) « Il faut rechercher s'il se trouverait un porcher, un bouvier, un chasseur ou quelqu'un du même genre qui prononcerait des incantations diaboliques sur du pain, des herbes, ou certaines amulettes impies, et cacherait ces objets dans un arbre ou les jetterait à un croisement ou un carrefour, afin qu'ils libèrent ses animaux de la maladie ou d'une épidémie, et cause la perte des autres. Aucun fidèle ne doute que toutes ces choses sont de l'idolâtrie, et que pour cette raison il faut les extirper avec le plus grand soin. » (art 44)
« Il faut demander si quelqu'un en commençant un travail prononce une incantation ou accomplit un acte de magie, alors que l'Apôtre 68 nous enseigne que tout doit être fait au nom du Seigneur. Car ce ne sont pas les démons dont nous devons invoquer l'aide, mais Dieu. De même, lorsque l'on cueille des herbes médicinales, il convient de dire le symbole [des Apôtres] et l'oraison dominicale 69, et rien d'autre. » (art 52)
Chapitre 13. «
de auguriis, vel avium, vel equorum, vel ex boum stercore et sternutatione » Des augures que l’on tire des oiseaux, des chevaux, du fumier des bœufs ou de l’éternuement.
(2) « … n’observez pas non plus les augures et les éternuements. Lorsque vous êtes en chemin, ne prêtez point attention au chant de certains oiseaux… »
(4) « As-tu, selon les habitudes des païens, consulté des devins - tels que des prophètes - pour connaître l'avenir ? As-tu consulté les jeteurs de sorts, des devins, les augures ou les enchanteurs ? Si oui : 2 ans de jeûne. » (art 69)
(5) « Il faut demander si quelqu'un se livre, à l'occasion du jour de l'an, à une pratique inventée par les païens, [consistant à] examiner le jour, la lune et les mois, et s'attend à ce que leur puissance agissante change les choses en mieux ou en pire. » (art 51)
Chapitre 14. «
de divinis vel sortilegiis » Des devins ou sorciers.
(2) « … n’ajoutez point foi à ceux qui usent de caractères magiques, aux devins, aux sorciers, aux enchanteurs ; ne les interrogez pour aucune cause ou infirmité que ce soit ; ne les consultez pour rien que ce puisse être, car quiconque commet une telle faute perd sur le champs la grâce du baptême. »
« S’il vous survient quelqu’infirmité, gardez-vous d’avoir recours aux enchanteurs, aux devins, aux charlatans. »
(4) « As-tu consulté les sorciers, les as-tu introduits chez toi pour rechercher un objet perdu ou pour faire des purifications ? Si oui : 2 ans de jeûne. » (art 69)
(5) « Il faut demander si quelqu'un serait mage, devin, envoûteur, ou jetteur de sorts. » (art 42)
Chapitre 15. «
de igne fricato de ligno i. e. nodfyr » Du feu sacré que l’on obtient en frottant deux morceaux de bois et que l’on nomme « Nodfyr » (feu de calamité).
(1) Charlemagne interdit lui aussi cette pratique dans un de ces capitulaire « ignes sacrilegos quos nodfyrs vocant ».
(3) « Par cette pratique superstitieuse on croyait protéger le bétail d’épizootie. On frottait deux morceaux de bois pour en tirer du feu et enflammer un bûcher au travers duquel on faisait passer le bétail. »